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Autour du chaudron
10 décembre 2008

Un Castro peut en cacher un autre

« Je fais part à mes chers compatriotes, qui m’ont fait l’immense honneur de m’élire récemment comme membre du Parlement […] que je n’aspirerai ni n’accepterai – je répète – je n’aspirerai ni n’accepterai, le poste de Président du Conseil d’Etat et de Commandant-en-chef ». En ce 19 février 2008 la nouvelle fait office d'une bombe. Après 50 années de "règne" sans partage, Fidel Castro passe la main. Et si d'ores et déjà les réactions des médias et des politiques sont nombreuses, une seule vraie question demeure: va-t-on enfin pouvoir parler d'ouverture à Cuba?

i830140226_2KichkaDepuis la chute du dictateur Fulgencio Batista en 1959 et l'arrivée au pouvoir, la même année, du leader de la révolution cubaine Fidel Castro, Cuba a connu de nombreux changements, qu'ils soient politiques ou économiques. Élu premier ministre en 1959 puis président du conseil d'État et commandant en chef de l'île en 1972, Fidel Castro met rapidement en place une politique de réformes. Si Cuba est encore aujourd'hui l'un des pays les plus pauvres de la planète, il n'en reste pas moins l'un des plus avancés en matière de rénovation sociale. En 1961, l'enseignement public est nationalisé, l'éducation devient gratuite et accessible à toutes les couches de la population. Quelques mois plus tard, une loi établit la gratuité de l'ensemble des soins médicaux pour tous les cubains. Fidel Castro multiplie les constructions d'infrastructures sanitaires et Cuba passe de 57 hôpitaux en 1958 à plus de 250 en 1973. En 2002, l'espérance de vie sur l'île est officiellement à peine inférieure à celle des États-Unis voisins. A travers le pays, nombreux sont ceux qui acclament le « lider maximo ». Les avancées sociales sont indéniables mais le régime castriste abordé dans sa globalité n'est pas aussi reluisant qu'il n'y paraît.

De vives critiques sont menées à l'encontre de la politique économique de Fidel Castro. Si ce dernier a permis une meilleure répartition des terres entre les riches et les pauvres grâce à la mise en place des réformes agraires de 1959, il n'en reste pas moins que l'île connaît de graves difficultés économiques. L'embargo commercial et financier imposé par les Etats-Unis en 1962 oblige l'île à se refermer petit à petit sur elle-même. Les restrictions sur les importations, les exportations et le tourisme entre les deux pays ou sur les transactions financières entre les Etats-Unis et les ressortissants cubains accentuent la position quasi-autarcique de Cuba. En 2002, l'instauration du système de la double monnaie vient quand à elle accroître les difficultés financières de la plupart des cubains. Alors que le peso convertible équivaut à 24 peso cubains (monnaie nationale), la plupart des produits de première nécessité ne s'achètent qu'en peso convertible; un problème majeur pour une population dont le salaire est versé en peso simple. Au bord de l'asphyxie, Cuba à plus que jamais besoin d'un nouveau souffle.

La nomination de Raul Castro au poste de président du conseil d'Etat le 24 février 2008 suscite de nombreux émois. Alors que la plupart des politiques et citoyens étrangers lambdas s'interrogent sur l'avenir de Cuba, les cubains et les spécialistes avertis, eux, comprennent rapidement que le changement tant attendu ne viendra pas de ce frère de l'ombre. A 76 ans, Raul Castro n'a rien a envier à son aîné Fidel, si ce n'est son talent d'orateur et son charisme. Général et ministre de la Défense depuis la victoire révolutionnaire de 1959, Raul Castro  sera le déclencheur majeur du rapprochement de son frère avec l'URSS dans les années 60. A l'origine de plusieurs lois dont celles des  réformes agraires basées sur le modèle soviétique d'une économie planifiée, il se veut pragmatique et discret. Une discrétion toujours de mise depuis sa nomination à la tête de l'État. Le nouveau président ne s'étend pas sur ses projets et les signes d'ouverture restent minces et graduels. Bien que Raul Castro ait annoncé la réévaluation progressive et prudente du peso cubain, la ratification de deux chartes sur les droits de l'homme et la convocation du 6e congrès du Parti à la fin de l'année 2009, il ne faut pas oublier que chacune de ces décisions sera soumise à l'approbation du « lider maximo » Fidel à qui son frère a conféré un droit de regard et de veto sur tous les rouages du pays. En outre , la promotion comme numéro deux du pays de José Ramon Machado, vieille figure de l'orthodoxie marxiste cubaine, promet plus de continuité que d'innovations.


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