En
novembre 2003 déjà, Armando Chaguaceda, enfant du castrisme et
jeune professeur d'histoire à l'Université de la Havane, traçait
trois voies possibles pour le futur de Cuba: « la retouche du modèle
actuel », « la transition brutale vers le capitalisme sous
l'autorité du voisin étasunien » ou encore « l'anticapitalisme
assurant une protection sociale efficace et développant les
mécanismes démocratiques dont le système a tant besoin ». Il est
probable que ce choix conflictuel entre socialisme dictatorial,
capitalisme dominateur et socialisme démocratique agite
l'après-castrisme et à ce sujet, le rôle du Parti et de l'armée
sera sans nul doute déterminant.
Ce
qu'il est important de comprendre, c'est que deux tiers des onze
millions de Cubains sont nés après la révolution de 1959 et n'ont
donc pas connu d'autre système que le communisme des frères Castro.
Pourtant, c'est parmi eux que devront se faire entendre les
dissidents restés sur l'île après la chute du régime, si chute il
y a. Et si l'un d'eux, Oswaldo Paya, déclarait, il y a quelques
années, qu'en tant que « pouvoir concentré en une seule personne,
le fidelisme ne peut pas se perpétuer sans Fidel », force est de
constater qu'aujourd'hui encore il n'en est rien. La récente
nomination à la tête de l'État de Raul assure, pour quelques temps
encore, la pérennité du régime. Le 14 juin 2006, dans un discours
devant les principaux chefs militaires du pays, ce dernier se
prononçait contre le sacre d'un nouveau « lider maximo ». Le Parti
communiste cubain (PCC), « comme institution regroupant
l'avant-garde révolutionnaire » devait être l'unique héritier
capable d'assumer le leadership, déclarait-il. Pas un homme seul.
Cette voie de succession institutionnelle fut ratifiée le 1er
juillet de la même année par le 5ème Plénum du Comité central du
PCC. Certes, depuis, Raul Castro a été élu commandant en chef de
l'île mais il ne fait aucun doute que c'est parce qu'il s'agit d'un
Castro que cet incartade au règlement a été permise. Il semble
probable qu'après la disparition des deux frères dirigeants, les
castristes ne misent finalement pas sur un nouveau messie
providentiel.
Quoi
qu'il en soit, une chose est certaine : l'après Fidel/Raul ne se
déroulera pas sans heurts. Les nombreuses valeurs sociales
inculquées à la population durant les cinquante dernières années
restent aujourd'hui encore bien ancrées et des modifications du
régime, trop rapides et à trop grande échelle, déstabiliseraient
sans nul doute tout le pays. Un pays qui, pour l'instant, ne semble
pas encore prêt à de réels changements...
Sources : LeFigaro.fr, LatinReporters, Le Monde